La crise de la quarantaine est un magnifique rendez-vous pour savoir qui nous sommes vraiment
Interview de Catherine Berte par Francis Hostraete
« Mon parcours scientifique a forgé mon approche de la psychanalyse corporelle, par sa rigueur, sa précision, sa curiosité aussi… La psychanalyse corporelle requiert des dispositions identiques. Et aujourd’hui donc, j’ai le sentiment d’être là où je voulais être, en vivant pleinement des notions d’aide, de soulagement pour les autres et d’émerveillement sur l’humain… »
Docteur en sciences, Catherine Legrand voulait soulager la souffrance humaine. Aujourd’hui, le credo de Catherine Berte est identique. Des études secondaires au Collège Saint-Julien d’Ath, un doctorat en sciences, un travail comme chercheur à l’ULB, au laboratoire de cancérologie virologie, et un cours de génétique au CUNIC. La première partie du parcours de Catherine Legrand est aussi un résumé de son ambition première : travailler au service de l’humanité. «Mais il me manquait quelque chose… La dimension d’exister… »«Mon parcours personnel me fait alors rencontrer Bernard Montaud, le fondateur de la psychanalyse corporelle. C’est le moment où je me disais : « que vais-je faire de ma vie finalement ? », avec un questionnement personnel typique de ce qu’on appelle souvent la crise de la quarantaine. Mais pour moi, c’était plus tôt. On se rend compte que quelque chose ne va pas. Je ne vivais plus. On a une maison et des enfants, mais que fait-on de sa vie?» «Mon parcours scientifique a forgé mon approche de ma nouvelle expérience professionnelle, par sa rigueur, sa précision, sa curiosité aussi» poursuit Catherine Berte. «La psychanalyse corporelle requiert des dispositions identiques.»«Et aujourd’hui donc, j’ai le sentiment d’être là où je voulais être, en vivant pleinement des notions d’aide, de soulagement pour les autres et d’émerveillement sur l’humain.» La psychanalyse corporelle repose sur le principe de «lapsus corporel» : il s’agit d’aller chercher les événements clés du passé qui ont mis en place le scénario personnel, sur base de quatre traumatismes : la naissance, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence. «Il s’agit donc de faire émerger le subconscient en utilisant ce que nous appelons des lapsus physiques, par analogie aux lapsus verbaux.» Cette rencontre avec le subconscient se réalise à travers des séances d’une heure trente environ, dans un «lâcher prise» croissant. «Le principe repose sur le fait que le corps a une mémoire des événements qui nous ont formatés, événements que l’on peut revivre alors qu’a priori, nous n’en avons pas de souvenir. La technique est née d’expériences vécues lors de séances d’ostéopathie crânienne, séances durant lesquelles on a observé des sursauts chez les patients.» Les séances se déroulent durant des sessions de trois à cinq jours, à raison d’une le matin et une l’après-midi. Elles ont lieu en groupe. «Le groupe donne une force particulière d’engagement et de pardon….»Retrouver son passé via la psychanalyse corporelle n’a aucun sens, si ce n’est pas pour améliorer son quotidien, son présent. «C’est important, car on risquerait alors de vivre uniquement dans le reproche. L’important finalement, c’est de mieux se connaître.» Les gens vont consulter un psychanalyste corporel sur base d’un mal-être général. «On se dit qu’on est plus grand que l’expérience vécue veut bien le montrer. Les gens veulent en quelque sorte se réconcilier avec eux-mêmes. Attention : la psychanalyse corporelle n’est pas une thérapie et nous n’accompagnons aucun cas médical. Il faut être prêt à pouvoir voir ses plus grandes horreurs pour redonner un goût à sa vie. Le mal-être est caractéristique de la crise de la quarantaine ; on parle de crise, mais c’est un magnifique rendez-vous pour enfin trouver et savoir qui nous sommes vraiment, et devenir libres du passé. La crise de la quarantaine, c’est aussi et surtout un besoin de vérité : « à quoi je sers? »…»
Francis HOSTRAETE
Partager