Actualités

L’histoire d’une petite fille comme tant d’autres

11 11 2024

Joëlle vit seule avec sa maman au dixième étage d’un grand immeuble. Son papa est parti à l’étranger rejoindre sa nouvelle compagne. Le chagrin d’amour de sa maman ternit l’atmosphère de la maison et la petite fille de 7 ans se sent elle-même perdue tant son papa lui manque. 

Heureusement au même étage, vit une famille vivante et joyeuse. Christine et Paul reçoivent avec plaisir Joëlle, qui a le même âge que leur aîné, Eric.  Joëlle vient tous les jours rejoindre son ami. Elle est heureuse de se sentir faire partie de cette famille. Elle aime le papa par-dessus tout. Attirer son attention, lui faire les yeux doux, le taquiner, la comble de bonheur. 

Un jour qu’elle joue dehors avec son ami Eric, elle se blesse le genou en tombant de sa trottinette. Elle laisse son copain de jeu et monte alors à l’étage pour mettre un sparadrap.  Paul est là, il est tout seul, sa femme est partie en visite. Elle est  si heureuse de l’avoir un moment rien qu’à elle. Paul l’emmène à la salle de bain. Elle pose son pied sur le bidet pour qu’il puisse soigner son genou. Sa jupe est courte et apparaît sa culotte blanche. Dans cette position elle sent qu’elle attire son attention et elle aime cela ! Elle est une princesse dans le regard de cet homme.

C’est à ce moment-là qu’il devient fou, il commence à lui caresser la jambe et à remonter sa main jusqu’à sa culotte. Au début, la petite fille se laisse faire et prend plaisir à ses caresses jusqu’au moment où tout bascule et qu’elle se retrouve à terre sous le poids de cet homme. Elle ne comprend plus rien : pourquoi cet homme qui l’aime tant lui fait mal ? Elle crie pour qu’il arrête ! Les yeux de  Paul ne sont plus aimants, ils sont remplacés par des yeux de bête sauvage. Elle ne peut rien contre lui, c’est tellement douloureux qu’elle se coupe de son corps pour ne plus rien sentir et se laisse complètement faire comme une poupée de tissu.

A la fin, alors qu’il est debout et elle assise complètement abîmée, elle lève les yeux vers lui. Il la regarde et il a tellement honte de lui, en la voyant. Elle sait alors qu’il ne pourra plus jamais la regarder autrement que comme un objet de HONTE. Elle voudrait le persuader que ce n’est pas grave, qu’elle l’aime quand même, qu’elle pourrait tout lui pardonner dès le moment qu’il cesse de la regarder ainsi. Rien n’y fait, son regard la salit, elle devient une chose abjecte.

Et c’est le moment le plus douloureux car en cet instant, elle perd son innocence, sa capacité à séduire, son droit au plaisir. Son corps se raidit jusqu’à former une carapace. 

Joëlle, adulte, retrouve en psychanalyse corporelle ce moment où petite fille elle perd tout. La colère enfle en elle. Là, sur le tapis, elle déverse toute sa rage pour ces années de silence. Elle comprend en un flash toutes ses difficultés à faire confiance à un homme, ses premiers rendez-vous amoureux où une peur panique l’envahissait rien qu’à l’idée de la rencontre, son impossibilité à s’abandonner au plaisir dans les bras de son mari alors que seule, ça ne lui pose pas de problèmes, jusqu’à la manière de s’habiller pour ne surtout pas attirer, séduire. Et en même temps de l’importance d’être « belle » pour camoufler cette saleté qui l’imprègne dont elle ne sait pas se démettre. La haine pour cet homme est à son comble. Elle l’aimait tant, c’était son papa de rechange !!! Pourquoi ? Pourquoi ? S’ouvre alors le monde de Paul : orphelin accueilli dans une famille de fermier, le petit garçon est utilisé pour les travaux agricoles la journée et les jeux sexuels la nuit. Ce jour-là dans la salle de bain, il n’a pas pu faire autrement, ses démons enfouis se sont réveillés et à travers son corps à elle, il a eu besoin de se venger de tout le mal qu’on lui avait fait, en faisant subir à une petite fille le martyre de son enfance, pour enfin avoir le dessus et récupérer sa puissance d’homme.

Emue au plus profond d’elle, une tendresse infinie au coeur pour la femme d’aujourd’hui, pour la petite fille qu’elle a été, pour ce frère de douleur, anéanti autant qu’elle, Joëlle tend les mains vers le ciel et adresse à cet homme une parole « Je te pardonne, je t’aime ».

Partager

Articles pouvant vous intéresser

Voir tous les articles

La lettre 28 – Décembre 2021

21 12 2021

DÉCOUVRIR SON PASSÉ PERMET-IL D’EN ÊTRE LIBRE ? REGARD DE TROIS PSYCHANALYSTES CORPORELLES   NOTRE VRAIE LIBERTE Après une conférence, il nous est souvent demandé: « Mais alors quand on a…

Salon « Les rencontres de la santé naturelle »

02 05 2024

Villars de Lans (Isère) Thème : Le sportif, performance, nutrition, bien-être et équilibre. Venez écouter les conférenciers tels que : Denis Riché, Dr Dransart, Pascale Millier, Dr Alexandra Dalu, Loïc Ternisien… Christian…

La Lettre 26 – juillet 2021

04 07 2021

  Dans la continuité de notre précédente lettre “Abus et psychanalyse corporelle”, voici le témoignage courageux et touchant d’un homme et une femme dont nous avons changé les prénoms. Ils…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *