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Kinévaria – Fondements de la psychanalyse corporelle (2) : Les traumatismes

30 12 2006

Partie deux : Les quatre traumatismes fondateurs de notre personnalité

Dans le numéro précédent, vous avez pu découvrir l’intérêt de la psychanalyse corporelle du point de vue du kinésithérapeute vous pourrez aujourd’hui découvrir les différents traumatismes, codifiés par la psychanalyse corporelle, qui ont structuré notre personnalité*.

Depuis maintenant vingt-cinq ans, cette technique mise au point par Bernard Montaud et ses proches collaborateurs, permet de revivre corporellement, de lapsus corporel en lapsus corporel à travers sept couches de mémoire, les  événements clés de notre passé,  et d’assister psychiquement aux films de nos différents traumatismes.

En se basant sur plus de 50000 séances, c’est une véritable «grammaire» du monde traumatique qui s’est imposée. Chaque traumatisme semble ainsi avoir une place précise, un contenu et une nature spécifique selon la période de vie concernée.

La distinction est faite entre deux catégories de traumatismes : un traumatisme primordial ou traumatisme périnatal qui programmerait chacun de nous dans une personnalité, c’est-à-dire dans une façon toute personnelle de se comporter dans la vie, dans ses bonheurs comme dans ses souffrances. Puis une catégorie de traumatismes secondaires – celui de la petite enfance, de l’enfance et de l’adolescence – réactualisant le programme initial selon les conditions spécifiques à chaque âge. Un peu comme un vaccin serait suivi de trois rappels.

Le premier traumatisme, qu’Otto Rank lui-même (1)a approché, est le traumatisme périnatal. La psychanalyse corporelle constate qu’il est la violente découverte du secret des hommes tellement «maladroits en  amour». Dans cent pour cent des cas revécus l’enfant ressent une grande solitude. Tant en comparaison du ventre si amoureux de sa maman, l’extérieur paraît « inhumain ». Le traumatisme périnatal semble bien être la découverte que l’imperfection est l’une des conditions de la vie sur terre. Et c’est parce que tous ceux que l’enfant observe souffrent de leurs imperfections – à vrai dire chacun ne s’aimant pas soi-même imparfait – qu’il le ressent douloureusement (2).

Quant au traumatisme de la petite enfance, qui a lieu avant six ans, il est toujours la violente découverte du secret familial. C’est-à-dire de toutes les tractations de pouvoir et de séduction, tout ce réseau d’influences et ces amours inconscients qui font le tissu d’une famille. De par la proximité maternelle à cette période de la vie, l’enfant va souvent percevoir ce secret familial dans les yeux de sa maman, mais parfois aussi dans ceux d’autre personnes très proches.

Lors du traumatisme de l’enfance qui a lieu, selon le sexe, avant douze ou quinze ans, ce que l’enfant va percer est le secret de l’ambiguïté sexuelle. Dans ce traumatisme, l’enfant découvre une ambiguïté séductrice ayant le pouvoir de lutter contre l’autorité. Il va explorer, en s’y brûlant, un moyen d’attirer l’attention et d’obtenir une importance aux yeux du chef du clan. Mais de par cette ambiguïté sexuelle, il va recevoir le secret de la honte, le secret de la faute. L’enfant apprendra donc les modalités de consommation du plaisir, toujours teinté de culpabilité.

Enfin, avec le traumatisme de la puberté, l’adolescent va pénétrer le secret de sa différence interdite. Entre ses rêves d’amour idylliques et la réalité amoureuse qu’il expérimente, il y a une fracture. Et il va devoir sacrifier un «voilà comment j’aurais pu aimer» pour subir un «si tu veux me garder, voilà comment tu dois m’aimer !».

Quand on cherche à définir ce principe de traumatisme, on s’aperçoit qu’il nécessite plusieurs définitions, dont voici trois essentielles (3) :

– Le traumatisme est d’abord une douleur existentielle résumant toute une période de notre vie. Il n’est d’ailleurs pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’événement le plus spectaculaire ou le plus remarquable de cette époque, mais il est assurément l’instant le plus insupportable et le plus douloureux que l’enfant ait vécu intérieurement.

– Un traumatisme apparaît toujours dans certaines circonstances où l’intériorité de l’enfant va être violemment déchirée par deux forces contraires et d’égale intensité par exemple autant de plaisir que de honte. Ne pouvant éprouver simultanément deux perceptions opposées s’annulant sans cesse l’une l’autre, il se trouve alors au cœur d’un immense conflit intérieur où, pour sauver son propre équilibre, l’enfant devra choisir une version du monde et renoncer à l’autre.

– Le traumatisme est aussi un instant crucial où se détermine un scénario comportemental, par simple réflexe de survie. Ainsi, pour avoir le sentiment d’exister, et parce  que c’est la manière dont nous avons appris à survivre, nous chercherons désormais systématiquement à retrouver des situations d’existence comparables à celles de notre traumatisme, soit en attirant des circonstances identiques, soit en interprétant ce que nous vivons de façon à relire notre passé.

Dans le prochain numéro : les sept niveaux de psychanalyse corporelle – «  tout bascule !»

Catherine Berte

Docteur  en sciences – psychanalyste  corporelle

Jean-Michel Lasbouygues

Kinésithérapeute – psychanalyste  corporel

(1) Rank Otto, Le traumatisme de la naissance, Éd Payot, 2002.

(2)  Montaud  Bernard.,  L’accompagnement de la naissance,  Éd. Édit’As, 1997.

(3) Duret et Montaud , Allô mon corps…Fondements de la psychanalyse corporelle,  Ed. Edit’as ,2005

Pour plus d’informations : Séminaire de présentation à Bruxelles le samedi 24/03/07

Contact pour la Belgique: : Catherine Berte Tél : 068 / 57 02 11

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