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La lettre n°30

29 08 2022

VIEILLIR EN PAIX GRÂCE À LA PSYCHANALYSE CORPORELLE ?

SECONDE PARTIE : UN PAS VERS LA SAGESSE

 

 

Trois témoignages pour illustrer combien la psychanalyse corporelle peut contribuer à accompagner la vieillesse et l’aide à rimer avec sagesse. Trois témoignages emprunts d’humilité et d’espoir de paix au quotidien.

Tout à portée de nous

Paule, 86 printemps, témoigne combien la connaissance de son histoire a éclairé le cœur de sa vie, donné du sens aux épreuves clefs de son existence.

Suite à un abus dans la petite enfance, elle se construit autour du sentiment de « n’être rien » : « on s’était servi de moi puis on m’avait jetée. Je n’avais définitivement plus aucune importance à mes propres yeux ».

Dépendante des autres, elle ne parvient pas à vivre pour elle tant son être est convaincu de ne pas avoir le simple droit de vivre.

Revivre ce traumatisme lui a permis de ré-éclairer son quotidien, jusqu’à vivre une expérience fondatrice à l’aube de la retraite. Partie à l’autre bout de la France, seule et avec très peu de moyens, elle trouve comment enchanter sa vie de petits bonheurs. Celle « qui n’est rien » a, en fait, TOUT à sa portée !

… « Quand on croit qu’on n’est rien, qu’on n’a rien, c’est faux, il y a toujours un petit bonheur à portée de nous pour peu qu’on se donne la peine de chercher un peu. Connaissant mon histoire, en partant seule, je savais que j’avais mes propres solutions à trouver, fini d’être dépendante des autres pour me sentir exister. C’était mon enjeu, mon pas d’évolution à ce moment-là. Savoir d’où me venait ce sentiment de n’être rien, a donné du sens à ma quête.

Plus tard j’ai compris que mon histoire m’amenait à vivre les mêmes épreuves que celles proposées aux personnes âgées : sentiment d’inexistence, solitude. Quand on n’a plus d’importance sociale ni professionnelle, peu d’importance familiale, on ne se sent plus rien et c’est normal car l’enjeu à cet âge est de se tourner vers la vie intérieure. Mais cela s’apprend ; et en vivant ce dépassement de ma propre histoire, en retrouvant mes propres ressources, en rejoignant ma propre envie de vivre, j’étais en train de trouver des solutions dont pouvaient bénéficier ces personnes âgées.

Alors je peux les accompagner, comme je me suis accompagnée, à goûter aux petits bonheurs qui mettent en vie : le chant d’un oiseau, le sourire d’une personne que l’on croise, le bonjour de la boulangère…

Enfin avec l’arrivée d’un cancer récemment dans ma vie, l’expérience s’est encore approfondie. J’ai eu intensément accès, grâce à ma maladie, aux petits bonheurs intérieurs, c’est-à-dire ceux qui ne dépendent pas de la réalité extérieure. Ils ne dépendent que de la façon de vivre au-dedans. Mon bonheur dépend de ma pratique : prière, louange, retournement intérieur… voilà mes nouveaux petits bonheurs… et de ceux-là, qui peut nous en priver ? »

Paule, pétillante et gaie comme un pinson, répand autour d’elle la joie et comme lui témoignent les personnes qu’elle a aidées, ça marche !

 

 

Vieillesse créative, une nouvelle sensualité

Viviane, à 72 ans, professeur de yoga active, retransmet aussi l’enseignement de Bernard Montaud auprès de personnes âgées. Elle a créé son association appelée VAVIviane (VAVI  pour Vieillir Autrement, Vivre Intensément), dans laquelle elle s’emploie à montrer tout ce que l’on peut gagner à devenir senior en renversant totalement le point de vue courant sur la vieillesse. Oui avec le temps, nous pouvons perdre de plus en plus en en mobilité, en vitalité, en vie de famille ou sociale, mais non ce n’est pas une fatalité.  A l’aide d’un jeu de cartes « qui perd gagne »  que Viviane a adapté aux problématiques de la vieillesse, elle invite les participants à  échanger sur des questions plus ou moins intimes pour s’apercevoir finalement que chaque perte peut être l’occasion de découvrir (de gagner) autre chose, un supplément de Vie auquel on ne pouvait avoir accès avant.

Mais remontons le temps. Il y a quelques années alors que Viviane suivait une psychanalyse corporelle, elle découvre au cours de ses séances, la fillette profondément affamée de tendresse qu’elle était. Alors que son papa est absent comme souvent en voyage d’affaires, elle s’élance vers un adulte, ami de la famille, au point de se brûler dans les bras de cet homme. Dès lors le plaisir sera inexorablement lié à la honte.

Revivre cette scène lui a permis de retrouver le plaisir dans chaque instant de sa vie. Et aujourd’hui, alors qu’elle retransmet l’enseignement dont elle est dépositaire, elle nous livre que sans ce revécu, il lui serait difficile de laisser les personnes venir à elle et de s’en réjouir, difficile aussi de se livrer en sincérité pour les accompagner.

Après un renouveau dans sa vie de femme avec le plaisir entre 50 et 60 ans, elle découvre à présent, une autre forme de plaisir, celui de la transmission et de la création de sa Tâche, facilité par la connaissance de cette petite fille en elle et ce qu’elle a revécu de son enfance en psychanalyse corporelle.

 

 

Observateur bienveillant

Ghiorgis  a 70 ans. Il a revécu son traumatisme de l’adolescence et s’en sert quotidiennement. A la suite de cette scène, il se croit définitivement impuissant, trop petit. Il prend conscience que cela teinte toutes ses relations. Mais avoir conscience de ce qui se joue pour soi change tout !

Parce qu’il se voit faire et qu’il se reconnait dans ces mécanismes, il peut accepter et s’accueillir. « Cette impuissance se rejoue perpétuellement mais ce n’est que l’histoire de l’adolescent qui me fait croire encore à cela aujourd’hui même si à chaque fois, on a l’impression que c’est la vérité absolue !

Mes relations se sont profondément apaisées, je vois de plus en plus tôt que l’histoire va se rejouer et ça me fait sourire. Ensuite je deviens observateur de la situation, tranquille, je peux même devenir compatissant avec mes interlocuteurs là où je serais entré en conflit il y a des années. »

 

 

 Propos recueillis par Sylvie Regnault

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